Restauration d'un Carl Gustav M96

Chose promise chose due...

je vous avais déjà montré des photos de mon Carl Gustav avant achat.
Voici maintenant des photos de la phase 1 de restauration des bois
Tout d'abord l'extérieur:

Avant



Après





Avant



Après



Et maintenant deux ou trois vues de l'intérieur :

Avant






Après





Le stade 1 du nettoyage consiste à passer un nettoyant universel de type C au Toluène. Ça se trouve chez n'importe quel distributeur de pièces automobiles type AD, ça sert à nettoyer toutes les pièces automobiles, et notamment mécaniques pour enlever toutes les huiles, tous les résidus de graisses brulées, de peinture, etc... On retrouve une pièce neuve... Il ne faut pas faire tremper le bois, on met du produit dans un récipient en plastique insensible aux diluants ou un récipient métallique, et on nettoie le bois debout au-dessus du récipient avec un pinceau large. il faut souvent changer le produit en milieu d'opération car il se sature de graisse et devient moins efficace. On essuie avec un essuie-tout genre Sopalin pour laisser le moins de produit possible dans le bois, et enlever le produit "chargé" en surface. Moi j'utilise un récipient en plastique avec le centre surélevé (ça sert à changer les rapports de boite sur les circuits, l'huile se répand autour et les pignons restent sur la partie surélevée), donc même le bout de la crosse ne trempe pas dans le produit.

Prochain épisode, nettoyage phase 2...


ATTENTION : Le nettoyant type C au Toluène est un produit hautement inflammable et hautement volatil ! Le Toluène sert quand même à la fabrication du TNT (TriNitroToluène) !!!, il n'est pas explosif par manipulation lorsqu'il est en dilution puisqu'il doit être mélangé à de l'acide nitrique fumant pour devenir du TNT...
Il est impératif de travailler autant que possible à l'extérieur, et loin de toute flamme NO SMOKING !!! En outre, les vapeurs du produit en milieu clos peuvent provoquer des étourdissement ou des nausées. En cas d'usage à l'intérieur, travailler dans une pièce fortement aérée !
Ne pas jeter à l’égout (c'est la meilleure solution pour que des égoutiers se fassent sauter en l'air ou se prennent un "coup de grisou"), ni évidemment dans un système d'assainissement type fosse septique, fosse toutes eaux, ou mini station d'épuration. Obligatoirement amener les résidus de produit dans une déchetterie, comme vous devez le faire pour vos huiles et hydrocarbures usagés !

En effet tes bois sont fortement marqués, je voyais pas ça comme tel. Les miens le sont mais beaucoup moins. Ce qui fait que je les laisse comme tel.
T'as du boulot mais au moins on peut suivre et prendre des conseils.

magdeburg98 a écrit:En effet tes bois sont fortement marqués, je voyais pas ça comme tel. Les miens le sont mais beaucoup moins. Ce qui fait que je les laisse comme tel.
T'as du boulot mais au moins on peut suivre et prendre des conseils.

Les bois, oui, mais ça ne m'inquiète pas vraiment, ce n'est pas des chocs très profonds, beaucoup vont disparaitre à la centrale vapeur de madame (j'ai aussi une technique un peu spéciale pour "remonter les coups", mais c'est à la fin du troisième cycle de nettoyage...
Deuxième et troisième cycles certainement aujourd'hui ou demain...
Par contre, les parties métalliques et l'intérieur du canon sont superbes, il a 95% de son bronzage intact, et sans aucun choc... Seule l'extrémité du canon est un peu débronzée...

bonjour,peu-t-on aussi nettoyer les canons avec du type c au tolyène? merci pour vos réponses.

On s'en fout du "débronzage", c'est son histoire.

lavallard a écrit:bonjour,peu-t-on aussi nettoyer les canons avec du type c au tolyène? merci pour vos réponses.

Les canons sur les armes tu prends la brosse métallique (pour l'intérieur) et tu passes et tu repasses jusqu'à temps que ça brille. Si ça marche pas assez vote, tu tires quelques munitions et tu recommences après un certain temps ça brillera sauf i le ou les canons sont usés. A l'extérieur tu nettoies au chiffon très doux et avec de l'huile pour arme. Il y a d'autres techniques mais c'est la mienne.

lavallard a écrit:bonjour,peu-t-on aussi nettoyer les canons avec du type c au tolyène? merci pour vos réponses.

Je n'en vois pas l'intérêt.
Moi, j'utilise la brosse laiton au bout de sa baguette de nettoyage, depuis la chambre vers l'extrémité du canon (sauf si on a un protège embout comme fourni dans la trousse de nettoyage des Mosin Nagant MN 91/30) Je pulvérise un peu de ballistol avant de faire mes aller et retours avec la brosse.
Puis je passe un ou plusieurs patches avec un peu de Ballistol pour nettoyer les résidus, jusqu'à ce que ça sorte propre
Puis encore un patch imprégné soit de 009 Parker Hale si j'ai tiré des balles chemisées, soit avec du FIREClean si c'est des balles plomb, pour dissoudre les restes de métal,
Puis nouveau patch avec Ballistol jusqu'à ce qu'il ressorte propre.
Enfin encore patch sans rien jusqu'à ce qu'il ressorte sec...
Voilà...
Éventuellement un écouvillon en coton de gros diamètre pour nettoyer la chambre avec un peu de Ballistol et séchage avec des patches ensuite...

merci pour vos conseils à bientôt.

Suite de la restauration : Épisode nettoyage phase 2

Ce matin, passage à l'acide oxalique pour éclaircir un peu le bois et lui faire ressortir son veinage (vieille combine de menuisier/ébéniste), c'est bien du noyer ai-je pu constater...
La solution d'acide oxalique est blanche lorsque l'on la fabrique et elle devient jaune au fur et à mesure que l'on tempe le bois dans le seau en le frottant légèrement mais longuement avec un tampon de scotch-brite. Les traces noires laissées sur le bois par les grenadières ou les pièces métalliques vissées ont tendance à pratiquement disparaitre, et toutes les taches de rouille aussi (on utilise ça pour enlever les taches de rouille sur le gel-coat des éléments en polyester des bateaux)

Ensuite, rinçage et nettoyage final dans un seau avec de la lessive St Marc, et là, la solution blanche devient carrément noire (on continue à enlever la saleté accumulée au cours du dernier siècle), nettoyage en frottant encore légèrement mais longuement avec un tampon de scotch-brite.

Finalement rinçage long au jet d'eau, et une fois bien rincé et encore mouillé, tout le veinage du bois ressort et on commence à imaginer la couleur et l'aspect du bois quand il aura reçu son traitement final de surface.

Toutes les opérations ci dessus se font avec des gants jetables type chirurgie, ça vaut mieux parce que si on a des petites blessures ou gerçures aux mains, l'asepsie est assurée, mais la douleur aussi, ça picote dur !
Les deux produits ne sont pas fondamentalement dangereux parce qu'ils se passivent d'eux mêmes (c'est pas une raison pour en boire !)

Là, deux possibilités s'offrent au "restaurateur" ou "ébéniste", au choix :
- Envelopper le bois du fusil dans un linge mouillé (pas humidifié, mouillé !!!, et de la serviette éponge est l'idéal pour conserver l'humidité en profondeur dans le bois) et attendre une demie heure avant de commencer à redresser les pains (sur le bois bien mouillé, sinon, ça ne marche pas!) avec une patte mouille en coton (un vieux torchon est parfait en deux ou quatre épaisseurs) avec un fer à repasser "centrale vapeur", et plus il est puissant, et mieux ça marche.
- Ou laisser sécher le bois pour reposer un peu le restaurateur qui en a ras les baskets de rincer son bois centenaire !

J'ai choisi la deuxième solution parce que je restaure les bois de deux fusils en même temps, et que je veux voir ce que ça donne pour chacun une fois secs...

La suite du "relevage de pains" demain j'espère, si j'ai du courage !

Merci pour ces instructions instructives.
PS : D'origine, les bois étaient vernis ?

LEICACECILIA a écrit:Merci pour ces instructions instructives.
PS : D'origine, les bois étaient vernis ?

J'en sais fichtre rien, à mon avis non, parce que ma canne à pêche semble n'avoir jamais été restaurée ni bricolée... Et que ce fusil n'est peut être jamais repassé en arsenal:
Sur le disque, j'ai une variation de trajectoire "Överslag 0 Str", (Överslag= estimation et Str= Streck (il y a 3 600 streck dans 360°), il a un 0 Str = moins de 10cm à 100m de distance).
Canon 0 (Ma "flèche" pointe le 0, donc le disque indique un canon à 6,50mm, alors qu'il peut être noté de 6,49 à 6,55), et usure du canon 0 (pas de flèche devant les 1, 2 et 3 du petit secteur)...
S'il était repassé en arsenal il y a de fortes chances pour que des marques aient été rajoutées, à moins qu'il n'ait pratiquement jamais servi... (Ceci dit, l'armurier qui me l'a vendu l'a jaugé à 6,50, donc comme à l'origine)

Si il avait été verni d'origine, le Nettoyant C au toluène aurait laissé quelques traces lors du premier passage de nettoyant, et là, rien, nettoyage uniforme (en fait graisse et saletés uniformes). Donc à priori, pas de vernis originel...

En fait, c'était le but de ma question, car mon K11
semble avoir été verni.
Donc décapant à prévoir en 1er.

LEICACECILIA a écrit:En fait, c'était le but de ma question, car mon K11
semble avoir été verni.
Donc décapant à prévoir en 1er.

Non, le diluant type C au toluène va très bien. A la rigueur, l'acétone, mais c'est moins efficace et plus long.
Mon K31 était verni, je l'ai nettoyé au Type C, puis éclaircissement à l'acide oxalique pour enlever les taches, rinçage à la lessive St Marc, rinçage à l'eau, relevage de quelques pains à la centrale vapeur, ponçage léger et deux couches d'huile de teck incolore, la première avec un poil de colorant, il me semble me rappeler... Easy, il est comme neuf

Tout comme au-dessus....

Merci.

D'origine il n'y a aucun verni sur la CGM96 tout comme les K31 et K11.
Par ailleurs pour voir si une arme suédoise (n'importe laquelle) est passée en arsenal est a été réparée ou simplement vérifiée, c'est simple :
0 point, rien a dire et uniquement destiné à l'armée.
1 point (fait au pointeau) l'arme est très bonne. Apte au tir et sans aucun souci.
2 points l'arme est moyenne mais apte au tir cependant pas forcement mono- matricule. Valable pour le civil et plus militaire.
3 points arme fortement usagée et éventuellement valable pour le civil mais surtout bonne pour pièces.
C'est simple. Mon pistolet Husqvarna a 2 points à titre d'info.

LEICACECILIA a écrit:En fait, c'était le but de ma question, car mon K11
semble avoir été verni.
Donc décapant à prévoir en 1er.

Pour décaper du bois vernis il suffit de le badigeonner avec de l'ammoniaque pur
C'est une méthode de peintre professionnel. Résultat garanti.
Attention !
A faire impérativement à l'extérieur ou dans un local très bien aéré.
La lessive saint marc pour enlever les taches.

en effet l'ammoniac doit donner des "suées" avec l'odeur. Merci pour l'info à propos du verni.

Voici le mode d'emploi pour lire un disque de crosse de CG 96:

- le plus grand secteur du disque donne la différence point d'impact/point visé pour les cartouches m/41:
Överslag= estimation et Str= Streck (il y a 3 600 streck dans 360°), on a donc 1 Str = 10cm à 100m de distance. Quand il y a un 0 devant Str, correction inférieure à 1 Str. En général, quand il n'y a pas de chiffre devant "Str" on considère que la correction est de 1 Str.

- le 2ème plus grand secteur indique le diamètre interne réel du canon. Si la "flèche" pointe le 0, le disque indique un canon à 6,50mm, si elle pointe le 9, 6,49mm, jusqu'au 5, 6,55mm, après, canon poubelle.

- le secteur le plus petit indique l'état du canon (pas forcément la corrosion mais aussi l'usure) selon des abaques fournies aux armuriers des dépôts de l'Armée. Un canon passe de "correct" (1) à "moyen" (2) et à "acceptable" (3). A savoir qu'au niveau 4 on changeait le canon. Sans aucune marque le canon est "bon"

La rondelle doit être montée le bas en haut, car la plupart des tireurs étant droitiers, il leur suffisait de tourner la crosse vers la gauche pour lire directement la rondelle (correction des tirs à 100m)

Lecture des autres poinçons sur les Mauser Suédois :

Les pièces fabriquées par Husqvarna ne sont pas forcément aussi nombreuses à être numérotées que celles fabriquées par Mauser ou Carl Gustaf.

Quelques unes des armes assemblées par les élèves armuriers du cours du même nom (VOK en suédois) portent le nom de l’élève en lieu et place du numéro de série. La tradition voulait que l’armurier conserve cette arme à titre personnel. Néanmoins, certaines de ces armes affichent aussi un numéro de série à 1, 2 ou 3 chiffres suivis d’un « slash » et des 2 derniers chiffres de l’année d’assemblage.
     
Les initiales de l’inspecteur se trouvent sur la gauche du boîtier (avant ou après le N° de série). Sur certains m/38 fabriqués par Husqvarna ces initiales figurent en haut du support de hausse.

La totalité des pièces recevait une Couronne d’acceptation ou bien un “X” de rejet. Si la couronne est horizontale, nous avons une fabrication Mauser ou Carl Gustaf, si cette dernière est inclinée nous avons une fabrication civile (le plus souvent Husqvarna). On ne devrait pas voir de « X » sur une arme opérationnelle ; néanmoins il arrive de rencontrer certaines de ces pièces rejetées et réutilisées à des fins d’exposition.

Les pieces fabriquées par Carl Gustaf peuvent aussi posséder un “C” couronné au lieu d’un marquage d’acceptation. Ce qui est logique puisque ces pièces étaient fabriquées par la Couronne, celle-ci n’avait donc aucun besoin de les accepter.

On trouve 3 marquages d’inspection supplémentaires:

Sur le canon :
- L’ensemble boîtier-canon et organes de visée ont été inspectés

Sur la gauche du boîtier :
- L’arme a été éprouvée

Sur la crosse, derrière le pontet :
- L’arme a été testée au stand et réglée

Les canons de rechange manufacturés à partir de 1955 possèdent le dernier chiffre du diamètre interne apposé à proximité de la bouche.

Réparations:

Si un passage en arsenal a nécessité des réparations importantes, on trouvera un marquage sur la crosse, derrière le pontet, en dessous de la couronne d’inspection.

Si la remise en état a été effectuée par l’arsenal d’Etat d’ Eskilstuna (Carl Gustaf) : “C” couronné.  

Si l’opération a été réalisée par un arsenal militaire :
“S”  couronné:     Stockholms Tygstation, Stockholm
“K” couronné:     Karlsborgs Tygstation, Karlsborg
“CB” couronné:     Karlsborgs Tygstation, Karlsborg (Carlsborg, ancienne orthographe)
B  couronné :     Bodens Tygstation, Boden
“Gg” couronné:    A2:s Tygstation, Göteborg
“Ch” couronné:    A3:s Tygstation, Kristianstad (Christianstad, ancienne orthographe)
“Ö” couronné:     A4:s Tygstation, Östersund
“G” couronné:     A7:s Tygstation, Gotland

On trouvera un marquage identique sur le canon si ce dernier a été remplacé.

Quand une arme a été étalonnée pour la cartouche m/41 à balle pointue, le support de guidon possède la hauteur de ce dernier sur le côté gauche. Et la hausse possède un « T » (« Torped »= pointue) sur la droite du support de hausse.

Lors de la première visite d’un fusil à un armurier, celui-ci pouvait apposer sa marque sur le pontet. Si le spécialiste APC avait effectué une modification mineure, il pouvait y apposer une seconde marque.

On en est où de cette restauration ?
Des photos !

J'allais justement descendre au sous sol pour le récupérer et remonter les chocs de manipulations...
Il est en train de s'humidifier depuis ce matin, enveloppé dans un tissu de peignoir de bain mouillé. Ça doit suffire maintenant, donc patte-mouille avec un torchon à vaisselle en coton, et centrale vapeur, puis séchage jusqu'à demain matin, rebouchage de certains gros défauts à la pâte à bois et ponçage... Puis séance photo.
Ensuite, passage de la finition de surface et remontage des parties métalliques, et enfin photos finales dès que je reçois la bretelle. Je lui mets une bretelle 1907 de sniper, (puisqu'il va ensuite partir chez l'armurier pour monter son dioptre GF... Deux trous à tarauder et un petit fraisage sur le pont pour pouvoir descendre suffisamment l'élévateur); Je n'ai pas trouvé de reproduction de la bretelle d'origine du M96, et celles d'occasion sont vraiment trop moches... Il s'en vent en Suède à l'usine Husqvarna, mais c'est plus cher que le prix de revient total de mon fusil !!!
En passant, je sais maintenant pourquoi la hausse commence à 300 mètres... C'est la longueur réglementaire d'entrainement aussi bien pour les civils que pour les militaires... Il n'y a pas de pas de tir inférieur à 300 mètres pour les armes longues en Suède...

Est-ce que la méthode de la patte-mouille et du fer à vapeur est efficace ?
Des photos avant/après seraient les bienvenues.

LEICACECILIA a écrit:Est-ce que la méthode de la patte-mouille et du fer à vapeur est efficace ?
Des photos avant/après seraient les bienvenues.

Oui, ça marche.
Évidemment, quand le choc est fait avec un objet contondant, ça ne reconstitue pas le bois, mais voici par exemple deux parties avant / après, il y a manifestement une différence, surtout que le bois n'a même pas été poncé une seule fois depuis que j'ai acheté le fusil...

Avant


Après


Avant


Après


Je n'ai pas fait de photos du garde main, mais il n'a plus aucune marque sauf celle de gauche derrière la hausse, car là, il manque carrément du bois !

En outre, je vais reboucher certains "trous", mais pas des enfoncements, pour lui laisser un peu de "patine", avec plusieurs pâtes à bois à base de sciure de bois, que je vais mélanger par tâtonnements pour arriver à trouver la bonne couleur, une fois le tout poncé, le bois va perdre son côté grisaillant dû à la lessive St Marc, mais qui est très superficiel et qui disparait en mouillant avec le doigt, avec son traitement de surface final ça sera nickel, sans pour autant être neuf...

Merci pour les tofs !  
Effectivement, on voit bien la différence.

L'acide oxalique redonne au bois anciens noircis et tachés leur couleur d'origine.